Y'a un mois , donc , j'ai mis des bottes. A talons .7cm. Donc déjà là, les 3/4 des mâles sont partis. Et j'ai envie de dire :non restez !après ce que je vais vous dire, vous allez comprendre qu'on mérite bien au moins le même salaire que vous.
C'était un Vendredi. Sachez que ce détail revêt une importance cruciale car qui me connaît SAIT que le journée du Vendredi est la journée casse-bonbons par excellence. Déjà parce qu'elle n'annonce pas le week-end , les lendemains qui chantent et la grasse mat' du samedi matin nonononon, mais la veille d'un DST de 4h. Et puis aussi parce que le Vendredi (jour maudit, vous l'aurez compris), je cumule 8 heures d'orthographe-grammaire-vocabulaire , 1h de pause dans laquelle je dois trouver le moyen de : déjeuner/ bouger d'une annexe de la prépa à une autre / faire pipi. Aucune mention a rayer, les amis. Et comme je suis pleine bonne volonté, d'humeur primesautière et joyeuse, pas un seul râle ne sort de mon museau. Je me muselle. Carrément, la meuf.
Bref, ça c'est le contexte de ma vie que même dans les favelas, ils se demandent comment je fais pour survivre. Pour égayer et enduire de félicité cette journée , je décide de mettre mes belles,chères,neuves et belles (quoi? je l'ai déjà dit?) bottes. D'abord il faut vous dire que ma mère (qui n'est rien de moins qu'une sage femme) m'a dit :"On se retrouve chez ta grand-mère ce soir a 20h. Je te rappelle que t'as une demi-heure de métro et le changement a Châtelet , t'es sure de vouloir mettre tes bottes aujourd'hui? (quiconque connaît ce changement sait qu'il a été conçu par les sadiques du marathon de New York. Il faut aller vite pour pas mourir écrabouillé et t'as beau marcher des km , t'es encore jamais arrivé.) A mon bon souvenir, je crois que c'est le claquement de la porte avec moi derrière qui lui a répondu. Qui a dit qu'il fallait écouter sa mère?
Pendant 5 mètres, je marche toute guillerette. En plus ,jsuis en robe. Que la personne qui m'a déjà vue en robe sonne chez son voisin et l'embrasse. Je vous assure, je prends pas trop de risques. Je vous rappelle que j'ai besoin d'une lingette démaquillante pour me maquiller ( j'en fous partout sinon), que le ketchup est ma nourriture de base et que Louboutin, je pensais que c'était une marque de saucisse. Flagellez-moi. Et ce jour-la :talons mit robe. Mais je l'ai fait pour vous. Pour toutes celles qui regardent les grandes marcher dans la rue, le gras du stick parfaitement étalé sur les lèvres, le genou décomplexé et les grolles assorties aux bijoux. Pour l'avoir vécu je sais comment ça fait in the head. Revenons a nos biches. Donc je marche tout comme ces filles suscitées et souriant bien qu'il fasse -30 degrés pareil qu'au Pôle nord mais en fait c'est chez nous. Dix minutes de randonnée jusqu'au métro. J'ai le temps de repenser aux paroles de ma mère et j'ai limite envie de me déchausser pour courir, telle la folle de Chaillot, les nougats a l'air, libérée de toute douleur post-mollets. Qui a dit qu'il fallait écouter sa mère?
C'est pas grave, je pense a l'allure folle que je dois avoir et par mansuétude extrême , le métro arrive illico.Genre mes bottes de star attirent les événements de star. Quasi c'est pas moi qui prend le métro, c'est le métro qui me prend. Et là je sais pas pourquoi, y'a comme une lueur de haine chez les filles, de lubricité chez les mecs et d'indifférence chez les canins. J'arrive en cours. Encore 10 minutes de marche. Je m'aperçois que de minimoy, je suis passée au statut de femme géante. J'arrive a la hauteur du feu rouge (je veux dire le bonhomme ,vous m'avez comprise), les gosses de 12ans ne m'arrivent plus au niveau du front et a 500 mètres de la tour Eiffel je peux même regarder son apogée sans me dévisser le cou. Le malus c'est que je souffre. Mais grave alors. Des décennies de féminisme et de lutte pour la libération de la femme annihilées par moi et mes bottes.
Pendant les pauses ,je prétexte une fatigue de ouf, limite je me prends pour Lindsay Lohan un lendemain de cuite, pour pas sortir. Personne n'est dupe.
Je reprends le métro après mes cours et ,beaucoup moins glamour, je m'accroche a la rambarde comme un enfant a son doudou pour pas me retrouver avec une jambe ou deux cassée. La vieille dame a l'autre rambarde me fait un clin d'oeil. La pour le coup, je manque de dégringoler les escaliers. Drapée dans ma dignité je continue mon périple. A Châtelet si je fais encore un pas , mes nougats vont mourir.
Tellement je suis grande, je peux observer a foison la calvitie précoce du relou qui me cause du beau temps, que t'es très mignonne mademoiselle, moi je conseille les gens à Jardiland (véridique et je manque de déchausser mes dents une par une tellement je les serre pour éviter de rigoler à toutes les blagues qui me passent par la tête),et j'ai un chien ,il aime pas sortir parce qu'il fait trop froid, c'est pas souvent qu'on rencontre des filles qu'ont l'air sympas comme toi dans le métro, t'as un numéro de téléphone? Je vous jure, le mec, il m'a fait un speed-dating comme ça, sans que je lui demande rien. Manque de pot, c'est pas mon style les libidineux sans cheveux.
J'arrive (enfin!) chez ma grand-mère, 1re réaction : "Pourquoi t'as acheté des chaussures qui te font mal aux pieds? " .Notez que j'avais a peine passer la porte. Faisant fi de ces remarques perfides et avec un maximum de coolitude je gueule: "mamiiiiiiiiiiie, ou qu'elles sont tes pantoufles???"
Mes petons sont maintenant peinards et demain, je leur promet, ce sera des Converses ou rien.
Article écrit il y a plus d'un mois. Puis effacé a cause de sa race l'internet qui me plante toujours quand il faut pas. Donc réécrit. En moins bien.